L’île à la pointe de
l’aile. La couleur est un lexique
dont j’ignore les secrets. Tout au plus ai-je appris que c’est toujours au
pluriel. Les bruns, les bleus, les jaunes, les orangés, les rouges, et puis les
verts qui viennent ces temps-ci dans le travail d’Olivier Cantenys. Repasse le geste qui
change subrepticement de refrain : peindre, c’est peindre ce qu’on ne
pourra jamais (re)trouver. Hier, Olivier Cantenys travaillait dans une
épaisseur par lui bâtie. Aujourd’hui, et l’affaire n’est pas mince, Olivier
Cantenys passe du sable au ciel, dans cette marelle qu’il transforme tous les
jours, où nage une île que l’artiste ramène rameur au mur, et couleurs au clou,
jetées comme on coupe la mer. Gagné le ciel, on a quitté
Lascaux. Le grain et les ocres, les fariboles et farandoles d’avant les
chasses. Ce n’est pas rien que du
sol étirer les gammes jusqu’à oublier le pas. La mémoire chasse les yeux
vers des horizons qu’ils inventent. Du coup le geste gagne au
bleu tiré de sa gangue. Ainsi du bout de sa langue
le caméléon gourmand d’éphémères, Olivier est gourmand de gestes du bout de ses
doigts. Les enfants le savent,
c’est toujours à compter qu’on fait la chanson. Devantures si j’ai rêvé
sans vous voir, Madagascar est le martin-pêcheur d’Olivier Cantenys, un lyrique
de la couleur. Eric Maclos
"Une élégie du geste" d'Eric Maclos. Edition Feugraie Avec l'aimable autorisation de l'auteur. Texte de E. Maclos, pour le catalogue de l'exposition au Théâtre
Victor-Hugo / Maison des artistes de Bagneux (2000) |
Eric Maclos est né en 1957 en Haute-Marne. Il vit et travaille en région parisienne, employé en librairie dans la grande distribution. Il a été membre du comité de rédaction de la revue Digraphe, et participe aujourd'hui aux Lettres Françaises. Quelques livres, chez Digraphe, La Feugraie, Le préau des collines, l'Atelier des Grames, soit quatre en tout. |